L’alimentation du chien familier. Novembre 2005.
" Que l’alimentation soit ta médecine " Hippocrate.
Tout d’abord, il convient de rappeler quelques principes et caractéristiques biologiques, physiologiques, mécaniques et chimiques, du système digestif des canidés, et plus particulièrement, du chien.
Le chien est un carnivore à tendance omnivore. Son ancêtre, le loup, chasse en groupe des proies imposantes qui peuvent nourrir la meute plusieurs jours. C’est son mode de vie social et son environnement qui déterminent principalement la taille des proies chassées. Cette chasse en groupe, entraîne une prise de nourriture en groupe. Et même si une hiérarchie claire existe de façon duelle entre les loups d’une meute, les repas sont source d’une intense excitation, ce qui est principalement responsable de la façon dont les loups vont ingérer leur repas.
Dans les années 70, les observations de David Mech (spécialiste mondial de l’éthologie du loup) montraient que les loups (tout comme les fauves et les autres carnivores qui chassent de grosses proies, rendant possible une " dissection " des différentes parties) commencent leur repas en consommant les viscères (panse, intestins, organes…) de l’herbivore.
Ce comportement phylogénétique permet non seulement d’avoir accès à une source de végétaux (et leurs différents nutriments) prédigérés, et donc assimilable par les canidés. D’autre part, le fait de vider le gibier comme le ferait un chasseur, permet une meilleure conservation de la viande.
La dentition d’un carnivore est faite pour saisir, mettre à mort, déchirer la chair, casser des os… et en aucun cas pour broyer. J'entends broyer pour déconstruire la cellulose et prédigèrer l'amidon grâce à l'amylase de la salive, comme le font les herbivores.(pas de molaires plates). Si les dents ne sont pas " utilisées " sur les matières, et des diverses façons pour lesquelles elles sont faites, il y a rapidement une apparition de tartre, ce qui nuit non seulement aux gencives, mais aussi à l’équilibre microbien de la gueule. Les lysosomes sont des antibiotiques naturels responsables de l’équilibre microbien de la gueule, intervenant dans les soins des blessures par léchage. Si ils sont détruits, des problèmes tels que la parodontose peuvent aussi apparaître. Dans la nature, cette maladie est inconnue. Le brossage des dents (avec des produits détruisant l’équilibre microbien d’ailleurs), ou la recherche développement autour de la texture et de la résistance des aliments industriels ne remplacera jamais une nourriture nécessitant l’utilisation de toutes les faces et de toutes les dents.
-Film Royal Canin : [www.royalcanin.fr]
-Photos parodontose : [www.monfidelecompagnon.com]
Le système digestif des carnivores est aussi adapté à la nourriture la plus riche car ils se situent en fin de chaîne alimentaire. Il est donc très court, car son repas est facilement et rapidement assimilable. (Le bol alimentaire d’un chien nourri à la viande est assimilé deux à trois fois plus vite que nourri aux croquettes). La prise de nourriture en groupe, les régurgitations aux jeunes, nécessite d’ingérer une grande quantité de viande à la fois (pas de jabot social !) Les sucs digestifs sont très concentrés et très corrosifs, ce qui permet de consommer de la viande avariée où se développent rapidement les microbes, mais aussi de digérer des parties dures du corps des herbivores (qui ont un squelette particulièrement résistant puisqu’ils sont souvent très lourds) : os, tendons, nerfs, et même bois. Eux même riches en minéraux indispensables comme le calcium, kératine, autres minéraux… Contrairement aux petits carnivores non sociaux comme le chat, le chien est fait pour consommer de grosses quantités de viande à la fois. Cela est du à la dépense d’énergie nécessitant ce type de chasse et sa fréquence, son habitat, la taille de ses proies. Son système digestif y est adapté, et si cela n’est pas respecté, la production d’enzymes digestifs et de bile ne peut pas suivre. Il a besoin de phases de repos conséquentes.